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De l’extérieur, le livre ressemble à. une bûche. Couverture marron nervurée, qui enveloppe un épais volume .(784 pages bien tassées), solide comme un tronc. On sent vite que ça va .faire mal, que l’écorce cache une somme percutante, dont les pages .fourmillent, palpitent, dessinent elles-mêmes une jungle qu’on traverse .au coupe-coupe, émerveillé et fourbu. Jean-Marie Blas de Roblès, auteur .peu connu, sinon de quelques archéologues, a fait son coup en douce. Dix. ans d’écriture clandestine pour bâtir ce livre inattendu, foisonnant, .déjà récompensé par le Prix du roman Fnac. Une sorte d’encyclopédie .baroque trempée dans un fond de cachaça. Un texte poisseux comme la .misère du Brésil, mais intelligent comme ce vieux jésuite, Athanasius .Kircher, fil rouge du récit. ?On aurait pu commencer par lui, cet .Allemand polyglotte, scientifique réputé, ami de Galilée et du Bernin, .génie des mauvaises intuitions, auquel le narrateur reproche, près de .quatre siècles plus tard, de s’être trompé sur tout (notamment sur .l’interprétation des hiéroglyphes). Depuis son refuge brésilien, il .épluche un témoignage inédit sur ce savant qu’il méprise, une vie de .saint qu’on lit par-dessus son épaule. Pendant ce temps-là, sa femme, .paléontologue, s’enfonce dans la forêt amazonienne en quête de vieux .minéraux. Les deux (trois si l’on compte Kircher) s’agitent en .parallèle, courent après le savoir, universel et intime, forts d’une .érudition qui les guide et les encombre, les convulse autant qu’elle les. fossilise. La lecture, elle, se mue en expédition sinueuse et .fantasque, un pied chez Borgès, l’autre chez Conrad. On arpente, on .s’engouffre, on sourit. C’est Montaigne chez Indiana Jones. Parmi les milliers de Brésiliens – « même pas des esclaves, à peine des hommes, mais toujours des hommes » -, on s’attache à un mendiant des favelas, à une jeune étudiante cocaïnomane et à un perroquet qui s’appelle Heidegger. Rien que pour cette bestiole, on voudrait reprendre le livre depuis le début.

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